• Un roman à lire : Les proies de Thomas Cullinan

    Un roman à lire : Les proies de Thomas Cullinan Les proies… ce titre vous dit peut-être quelque chose, surtout si vous êtes cinéphile : Don Siegel derrière la caméra en 1970, Clint Eastwood dans le rôle titre. L’acteur a lu le roman éponyme de Thomas Cullinan publié en 1966 et en a parlé au réalisateur qui fut séduit par ce huis-clos dérangeant sur fond de guerre de Sécession. Et en effet, le roman a de quoi frapper les esprits.

    Nous sommes en 1864, en bordure de la Wilderness, cette forêt de Virginie où se déroule une bataille qui deviendra tristement célèbre par sa sauvagerie et dont il a déjà été fait mention ici. Les sœurs Farnsworth, vieilles filles endurcies livrées à elles-mêmes depuis la disparition des hommes de la famille, ont institué dans leur maison de maître d’un Etat confédéré du Sud un pensionnat de jeunes filles qu’elles dirigent d’une main ferme. Enfin, surtout, l’aînée des deux, Martha, femme autoritaire et stricte, au cœur inflexible et à la morale d’airain. Harriet semble quant à elle avoir un cœur trop tendre et une sensibilité à fleur de peau, signes de la faiblesse qui la caractérise aux yeux de sa sœur mais également signe de bonté aux yeux de Mattie, la seule domestique noire qui subsiste encore après la débâcle familiale, seule rescapée de la gloire et l’opulence passées.

     Alors que le bruit des canons résonne alentour et que la fumée des incendies encercle le domaine, une des plus jeunes pensionnaires ramène d’une escapade dans les bois un soldat yankee blessé à la jambe. Le caporal McBurney fait ainsi involontairement irruption dans le décor de porcelaine immuable et préservé de cette école de filles, bouleversant le quotidien et jetant par sa seule présence de jeune mâle alangui en voie de guérison un pavé dans cet univers féminin pétri de secrets, de rancoeurs et de petites perfidies. Captant ce climat délétère et l’ambiance fin de règne de la maison, le soldat profite de la situation et de la naïveté féminine pour manipuler son monde.

    à suivre...