• De feu et de sang, de Melvin Burgess

     

    Ce volume est une suite de Rouge sang, roman développant une histoire entre mythe et science fiction dans laquelle sévit une guerre des gangs se battant pour le contrôle de Londres. La ville, dans un univers post apocalyptique, est dévastée et les humains qui l’habitent sont enfermés à l’intérieur d’une muraille construite pour s’isoler de la peuplade des « mi-hommes », monstres mi-hommes mi-bêtes qu’ils tentent d’exterminer. La cruauté et la trahison dominaient dans le premier volume, qui s’achevait dans un bain de sang peuplé d’horreurs tandis que le retour des dieux s’affirme à travers les figures d’Odin et de Loki.
    Le deuxième volume est un peu moins sombre, les épisodes d’horreur y sont moins fréquents, et l’amour pur plus présent : une paix et une prospérité relatives ont accompagné le règne du survivant de la famille du roi trahi, les Volson. Son descendant, Sigrud, a toutes les qualités d’un héros de saga nordique : il combat un dragon sur un cheval mêlant caractéristiques animales et haute technologie, descend aux enfers où il tombe amoureux de la fille d’Odin à qui il promet de revenir la chercher, l’oublie (par une action traître qui lui vole ses souvenirs et sa personnalité), épouse la fille d’un roi, retourne la chercher sans la reconnaître pour la donner à son ami le roi Gunnar, etc. Tristan, Siegfried, il est tous ces héros successivement, héroïque, amoureux, magnifique et aimé de tous, mais brisé par ses morts et ses résurrections successives.

     

     

    On retrouve aussi l’univers apocalyptique et les créatures étranges créées par Burgess dans le premier volume, de même que la variation des points de vues, la présence de monologues de créatures à moitié animales (on se souvient de son roman qui a fait grand bruit, Lady) et enfin la présence constante de la trahison de tous par tous, et notamment par les amis, les épouses, les pères et les mères contre ceux qu’ils aiment. Univers tragique et très sombre, dans lequel l’auteur ne respecte aucuns des tabous habituels en littérature de jeunesse et va même assez loin dans ce domaine sans jamais tomber dans la vulgarité. Les amateurs d’émotions fortes seront servis, tandis que ceux qui attendent des ouvrages destinés à cet âge des leçons de vie ne pourront que constater qu’il faut dans ces romans quitter toute espérance : Odin, dieu de la mort y est le maître. Il y règne un beau souffle épique (sur ce point le pari est réussi), mais terriblement morbide.

     

    De feu et de sang, de Melvin Burgess   traduit (anglais) par Philippe Loubat-Delranc Gallimard, 2007