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    Livre jeunesse : Marie-Antoinette, le jardin secret d’une princesse, d'Anne-Sophie Silvestre

     Lorsque le jeune abbé Vermond arrive à Vienne pour compléter l’éducation de Marie-Antoinette, celle-ci a douze ans ; un peu plus de deux ans plus tard, elle arrivera en France pour épouser le dauphin, le futur Louis XVI. L’histoire, racontée en grande partie par l’abbé, forme un portrait sensible d’une adolescente insouciante, peu attirée par l’étude, dont le charme réside dans sa gaieté et son caractère affectueux et sensible (des échos de Sissi).
    C’est aussi le récit d’une découverte, celle d’un jeune écclésiastique qui a peu vu le monde auparavant et qui vit pendant tout ce temps dans la proximité de la cour d’Autriche, dans ses chateaux, ses jardins.

     

     

    Un roman, avec des personnages qui ont un visage et un caractère et qui découvrent ensemble un peu de la vie, chacun dans son domaine, mais surtout un roman historique, qui donne des apreçus exacts de la vie des grands de ce temps : on y voit Marie-Thérèse d’Autriche régler les mariages royaux de ses enfants et tenter de leur donner une éducation qui convienne à l’état qui sera le leur. On évoque Louis XV et, sans tomber dans les ragots mais à hauteur de ce qu’on peut dire à une jeune fille, le problème politique posé par ses maîtreses successives et notamment la dernière et actuelle, Madame du Barry. On aperçoit Louis XVI en jeune homme timide. On découvre les rites du temps, le protocole, la vie de famille royale à Vienne et la vie de Cour en France.

     

     

    On aperçoit les rapports sociaux qui réglent les échanges entre individus de classes et de rang différents. On voit la condition des jeunes filles nobles de ce temps, pas aussi enviable qu’on l’imagine, et le rôle exclusif de représentation et de procréation des mariages arrangés par la politique.
    Enfin, on montre Marie-Antoinette à l’époque où elle était la dauphine adorée des Français avant de devenir la “ reine scélérate ” (voir le livre de Chantal Thomas) des pamphlets révolutionnaires. L’histoire s’arrête avant de devenir cruelle ; c’est sans doute une limite que se donne un roman historique à destination des jeunes filles, mais aussi une volonté de faire aborder l’histoire avec le bonheur d’une identification romanesque réussie.

     

     

    Marie-Antoinette, le jardin secret d’une princesse, d'Anne-Sophie Silvestre ,

    Flammarion, 2006
    à partir de 12 ans

     


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    Avis sur : Les piliers de la terre de Ken FOLLETT Nous sommes en pleine époque médiévale. Le pouvoir central peine à trouver une autorité. Le roi en place est menacé et à deux doigts de se faire renverser par un autre prétendant. L'Eglise elle-même a des difficultés. Les terres sont livées aux batailles seigneuriales, les comtes s'affrontent pour conquérir toujours plus et toujours plus vite.

     

    Tom le bâtisseur, dans ce contexte, a du mal à trouver un travail. Depuis longtemps déjà, il erre sur les routes d'Angleterre à la recherche d'un emploi. Mais nous sommes à l'époque de la construction des cathédrales. Sous l'influence du nouveau prieur, le père Philip, le prieuré de Kingsbridge va se réformer et nécessiter la construction d'une cathédrale. Le comté de Shiring lutte pour avoir également une influence en matière spirituelle. Et à Saint Denis, l'ambitieux abbé Suger projette la construction d'une cathédrale avec des techniques révolutionnaires.

     

    A Kingsbridge, Tom rencontre Philip et entre eux naît une certaine amitié et une relation de confiance. Pour Tom, ce sera aussi l'occasion d'initier les fils de la famille, Alfred, Jack, à ce difficile métier d'artisanat. La gestion du prieuré et Philip, un homme dynamique et optimiste, doit faire face à de multiples difficultés : difficulté d'argent, conflit d'intérêt ou d'autorité tant à l'égard des seigneurs qu'entre moines.

     

    En 1050 pages format poche, ce roman est celui de Kingsbridge, grandeur et décadence de ces terres. Ce roman est aussi une occasion de faire la rencontre de nombreuses personnes qui, de manière plus ou moins éphémères, feront un bout de chemin. C'est un récit d'intérêts croisés, divergents.

     

    Le développement de Kingsbridge effraie beaucoup. Car le père Philip se montre un homme d'une efficacité redoutable, autoritaire et à forte poigne. Il fait de l'ombre aux ambitions de Waleran Bigod, homme de Dieu qui rêve de toute la puissance. Mais aussi à la famille Hamleigh dont le père fut mêlé à une étrange affaire, dont la mère est d'une ambition démesurée, dont le fils, William, n'est qu'une brute, un violeur, un assassin. Mais aussi un être fourbe qui rêve de prendre la tête du comté de Shiring, un titre acquis de la succession de son père.

     

    Walerand Bigod et la famille Hamleigh comploteront pour tenter de renverser Kingsbridge. Il y a aussi le père Remigius, homme dévot, influent et très dangereux. Dans l'ombre de l'histoire du père Philip, il y a la rancoeur de tous ceux qu'il dut écarter.

     

    Philip croise également le chemin d'Aliéna et de son frère Richard, deux enfants dont la vie sera consacrée à l'accomplissement d'une vengeance commanditée par leur père. Cet homme malheureux, ancien comte de SHiring, fut écrasé par la force puis emprisonné par les Hamleigh avant d'être condamné à pourrir dans une prison affreuse. Il fait jurer à ses enfants de tout faire pour récupérer ce comté et qu'il soit régi par Richard.

     

    Il y a aussi l'histoire de Tom le bâtisseur qui connut Agnès, avec qui il eut un enfant, et puis Ellen, une femme sauvage élevant un garçon du nom de Jack, appelé à un grand avenir.

     

    Extrêmement dense, Les piliers de la terre de Ken FOLLETT  se lit très bien. Il n'entre pas énormément dans les détails de l'apprentissage des métiers manuels, même si quelques pages y sont consacrées. Sans se perdre, le roman passe d'un destin à l'autre et raconte tantôt le point de vue de Tom le batisseur, celui de Philip, de Waleran Bigod, des Hamleigh, d'Aliéna, de Richard, de Jack... en permettant de comprendre à la fois la personnalité et le comportement de chacun.

     

    Ce roman est aussi celui de l'amour avec plusieurs histoires que la vie malmène. Certaines finissent par s'accomplir, d'autres sombrent au contraire. D'une manière tragique, beaucoup de personnes vont mourir, dans des circonstances épouvantables.

     

    Sans êtrevulgaire ni trop cru, ce roman est empreint d'érotisme. L'érotisme bestial et impulsif de William Hamleigh, l'érotisme sensuel d'Aliéna.

     

    Une très bonne lecture !

     

     


  •  "Les agents territoriaux" de Georges-Daniel Marillia

     Le livre "Les agents territoriaux" de Georges-Daniel Marillia est une lecture indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à la gestion publique et au fonctionnement des collectivités territoriales. Avec sa sixième édition, l'auteur présente une analyse approfondie des différents métiers et missions des agents territoriaux, mettant en lumière les enjeux actuels et les défis auxquels ils sont confrontés.

    Par exemple voir le Podcastde Pierre Michelet sur la radio du Centre National de la Fonction Publique Territoriale

     Marillia offre une vision claire et concise de la complexité du secteur public local, en expliquant les différentes compétences et responsabilités des agents territoriaux. Son approche pédagogique et accessible rend ce livre particulièrement précieux pour les étudiants en administration publique et les professionnels travaillant dans le secteur.

     

    "La fonction publique territoriale en 20 leçons" de Frédéric Monera et Philippe-Jean Quillien

     De la compréhension des rôles et responsabilités des employés des collectivités locales à la navigation dans les complexités de la budgétisation et des finances dans le secteur public, ce livre couvre tout. Que vous soyez étudiant, professionnel cherchant à élargir vos connaissances, ou simplement curieux de savoir comment fonctionne votre gouvernement local, ce livre est un incontournable.

    Il décrit précisément et par étapes :

     

    • LE CADRE DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE
    • LE CONCOURS ET LES DEROGATIONS A LA REGLE DU CONCOURS

    • LE STAGE ET LA TITULARISATION

    • LA CARRIERE DU FONCTIONNAIRE TERRITORIAL

    • LA FILIERE ADMINISTRATIVE

    • LA FILIERE TECHNIQUE

     

    "La formation professionnelle dans les services publics" d'Olivier Bachelard et Delphine Espagno-Abadie

     Vous vous demandez quel est le rôle de la formation professionnelle dans les services publics ? Ne cherchez pas plus loin que "La formation professionnelle dans les services publics" d'Olivier Bachelard et Delphine Espagno-Abadie.

     Les auteurs offrent une analyse approfondie de l'état actuel de la formation professionnelle dans les services publics via le CNFPT ( Centre National de la Fonction Publique Territoriale) , discutant des principaux défis et opportunités d'amélioration. S'appuyant sur leur expertise étendue dans le domaine, ils offrent des perspectives précieuses et des recommandations pratiques pour les décideurs, les gestionnaires et les praticiens.

     Un des aspects les plus convaincants du livre est son accent sur la dimension humaine de la formation professionnelle. Les auteurs soulignent l'importance d'investir dans les compétences et les connaissances des employés des services publics, en mettant l'accent sur le rôle crucial qu'ils jouent dans la fourniture de services de qualité à la communauté.

     

    Pour aller plus loin :

     La formation professionnelle des agents territoriaux, de Fabrice Bolot

     


  • L’individu progressiste du XXIè siècle peut se croire à l’abri de la religiosité parce qu’il n’adhère pas à une Église en particulier. Mais sa vie, à son insu, reste souvent pétrie de petites superstitions fragmentaires qui l’empêchent de développer une véritable pensée laïque. Dans ce contexte, l’idée nietzchéenne de la mort de Dieu se révèle un leurre, tant on peut constater la prégnance du religieux dans le monde aujourd’hui, que ce soit à travers les phénomènes terroristes ou sectaires. Certains esprits occidentaux ouverts sur le monde, se pensant libérés de leur ancrage religieux au profit d’un humanisme de bon aloi, répliquent à cette montée du fanatisme par des vœux pieux. Ils prêchent la tolérance, mais refusent d’accomplir jusqu’au bout leur «devoir» intellectuel : la critique radicale de l’obscurantisme que toute religion induit, quelle qu’elle soit. La mise au rencart définitive des «folies» religieuses n’est donc pas pour demain, et ce, sous le fallacieux prétexte que nous en avons besoin pour comprendre ce que la destinée humaine recèle d’inconnaissable dans ses origines comme dans sa fin.

    L’hédonisme salvateur

    En effet, toute religion tente d’expliquer le monde de manière extensive, donnant des réponses béton à des questionnements existentiels flous. Les trois grandes religions traditionnelles, la juive, la chrétienne et la musulmane, sont particulièrement fécondes en ce qui a trait aux prescriptions et aux interdictions à travers lesquelles les croyants doivent consolider leur foi. Ces règles de vie (concernant l’alimentation, le code vestimentaire, l’hygiène, les comportements en société, la sexualité, la morale, bref tout ce qui fait l’homme) s’avèrent souvent des moyens pervers de négation du réel et, paradoxalement, au final, de la vie même. Les fictions religieuses, basées sur des superstitions ou des anachronismes, restent ainsi un moyen d’infantiliser les esprits et de brider les corps, par un déni marqué de ce qui touche aux sens.

    Les trois Livres sacrés procèdent d’un même mépris pour tout ce qui relève de la matière : seule l’Âme est immortelle; notre incarnation, elle, est vouée au Néant. Dès lors, toute forme de pensée moderne, intégrant entre autres les explications scientifiques de la création du monde, ou encore celles de la médecine concernant les besoins physiques de l’humain (alimentaires, prophylactiques, sexuels, etc.), ne peut se développer dans le sens d’un mieux-être-au-monde. Par exemple, le christianisme s’est fourvoyé profondément en défendant le dogme à tout prix au détriment d’une vérité plus objective, celle de la science : si l’héliocentrisme de Galilée a été tardivement reconnu, l’atomisme d’Épicure ou l’étude de la lumière de Nicolas d’Autrecourt, en revanche, ne l’ont jamais été, en dépit de la justesse des intuitions empiriques de ces deux penseurs. Dans le cas de la médecine, c’est encore pire. L’utilité de la circoncision et l’impureté des femmes, idées pronées par les trois monothéismes d’ailleurs, paraissent aujourd’hui plus que douteuses; le Vatican persiste quant à lui dans sa négation du monde réel en condamnant les avancées d’un champ de connaissances important comme la génétique. Celle-ci se révèle en effet irrécupérable du point de vue théologique, car elle permet d’affirmer en partie ce qu’aucune religion ne peut admettre sans compromettre son autorité : la nature possiblement corporelle de la psyché humaine.

    On reconnaît bien là le caractère réactionnaire et éteignoir de l’Église. Il y a donc urgence de se libérer des irrationnalités religieuses, qui ont le pouvoir de générer, dans la volonté de défendre la tradition contre la découverte, une forte haine de soi et des autres. L’hédonisme post-chrétien peut mener à la libération de ces carcans mentaux.

     

     
    Traité d’athéologie

    Michel Onfray
    Grasset / 2005
    281 pages

     


  • Avis sur  : Petit cours d'autodéfense intellectuelle, de Normand Baillargeon - suiteOutre le langage, les mathématiques demeurent l’autre outil incontournable permettant d’appréhender le réel pour en inférer des raisonnements valides à partir de «faits connus ou présumés». Mais sur quels critères s’appuyer pour être certain que la justification d’une opinion ou d’une observation est rationnellement juste ? Répondre à la question revient à définir ce qu’est un savoir et à évaluer ce qu’est une bonne justification. Platon définissait le savoir comme l’opinion vraie justifiée. Il s’agit plus précisément de faire la différence entre le fait de croire quelque chose et le fait de la savoir. Dès lors, la tension entre la croyance et le savoir devient manifeste à travers l’expérience personnelle. Comment s’y fabrique l’opinion vraie et justifiée chère à Platon ? Comment le jugement à son tour est-il façonné par notre perception et notre mémoire ?

    Le recours à l’expérience personnelle pour justifier nos opinions et croyances s’avère souvent limité. Comparé à des modes de connaissances plus systématiques comme la science expérimentale, l’expérience personnelle n’a pas nécessairement la valeur d’un savoir vrai et raisonnable. Si vous ne lisez que des journaux à sensations comme le Journal de Montréal ou Photo Police, vous aurez peut-être l’impression que la criminalité est en hausse à Montréal alors qu’elle diminue depuis des années. L’exemple montre bien souvent la faillibilité des conclusions et des jugements déduits à partir de notre mémoire, de notre expérience immédiate des choses. Le caractère construit des perceptions signifient que celles-ci se révèlent davantage des modèles du monde extérieur que des copies toujours fiables en lesquelles nous devrions mettre toute notre confiance. D’où le fait de prendre en considération l’influence de nos savoirs et de nos attentes sur nos perceptions.

    De la même manière que la perception fait appel à la faculté d’observation, les méthodes issues des sciences empiriques et expérimentales éclairent la difficulté. En effet, la science a quelques leçons à donner à nos facultés sensibles. Sur le plan de la connaissance, les méthodes et pratiques scientifiques demeurent en rupture par rapport à notre savoir personnel dans la mesure où les objets sur lesquels la science porte son regard nous sont donnés dans l’expérience immédiate des choses. Maîtriser certaines règles de la méthode scientifique, saisir la rationalité spécifique à la science et sa posture d’objectivité devant le réel, ces caractéristiques peuvent d’emblée avoir très peu à voir avec le sens commun. Nous pouvons retourner la question en affirmant que la science est un prolongement rigoureux du sens commun dans la mesure où ses découvertes sont en effet hors du commun.

     

    à suivre...

     






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